11 Août 1915

JMO/Rgt :

"Nuit assez calme sur le front du secteur, quelques coups de feu signalés vers PA3. Dans la matinée, vers 9 heures, une patrouille ennemie a été aperçue en avant du pp2 de PA2. En prévision des événements de l’après-midi, vers 11 heures, la 19e Cie quitte Crion et vient s’installer aux Cinq Tranchées au lieu et place de la 17e Cie qui est amenée à la Maison Brûlée où se trouve déjà la 18e : à partir de 11 heures, la 17e CIe doit avoir un peloton à PA1 et la 18e Cie un peloton à PA2

Occupation de la nouvelle ligne : La nouvelle ligne sera occupée à partir de 14 heures. Elle comprend :

1. Poste d’écoute du sentier Béguin

2. Poste pp3 bis : à la bifurcation de la tranchée de la Prise et de Grand-Pré

3. Poste de liaison à l’entrée du layon 4 sur la T. de Grand-Pré

4. Poste pp2 bis à l’extrémité du layon 2

5. Poste de liaison entre pp3 et pp3 bis

Pp2 bis sera occupé par une section de 45 h de la 21e Cie, pp3 bis par une section de 45h de la 22e Cie. On adjoindra à ces deux groupes des transporteurs, un téléphoniste et 500 m de câbles. Chaque section sera accompagnée des pelotons respectifs du Génie. Les postes de liaison se couvriront par leurs propres moyens (barbelés, Brun, etc.)

Le but à réaliser progressivement est l’établissement d’une ligne de surveillance jalonnée par : poste d’écoute du sentier Béguin, pp3 bis, tranchée de Grand-Pré jusqu’à l’entrée du layon 4, pp2 bis, pp1. Cette ligne affecte la forme d’un double mamelon qui sera progressivement renforcé et organisé de façon à ce que le terrain intérieur devienne le notre (ravitaillement, etc.)

Exécution :

1. La 21e Cie, chargée de prendre à 14 heure position sur sa nouvelle ligne d’avant-postes, ainsi déterminée :

   1. à gauche, poste intermédiaire à l’entrée du layon 4

   2. au centre, poste pp2 bis, à l’extrémité du layon 2 sur le ravin

   3. à droite, poste intermédiaire à 200m de l’entrée du layon 1

Le ravin de la fontaine Hugo est constitué par un fossé à pic de 4 à 5 mètres, avec fils de fers barbelés sur la rive droite arrêtant toute attaque. Le poste pp2 bis est poussé le plus loin possible, il peut procéder immédiatement à son installation, qu’il pousse activement.

2. la 22e Compagnie, chargée de prendre à 14 heures position sur sa nouvelle ligne ainsi déterminée :

   1. pp3 bis, intersection des tranchées du Grand-Pré et de la Prise

   2. poste intermédiaire gauche sur le sentier Béguin

ne peut exécuter sa mission.

Le sergent CHARBON, avec 10 hommes, se met en mouvement à 13 heures et peut atteindre sans encombre l’emplacement fixé en commencer son installation sur le sentier Béguin.

L’adjudant MARRON, avec 45h, doit occuper le poste pp3 bis; il part à 13h, prenant comme direction générale le sentier de la prise, mais à 250m, il se trouve soudain devant une section ennemie. Exécutant un mouvement tournant, ne ½ section se porte franchement sur l’adversaire et le repousse en chargeant à la baïonnette. Il est 14 heures 30. La section entière peut alors, par bond successifs, se porter jusqu’à l’emplacement fixé et, aidé du peloton du Génie, prendre à 15h30 ses dispositions pour s’organiser.

Le travail était commencé quand, à 15h50, une section ennemie arrivait sur les travailleurs, mais elle était bientôt dispersée par les feux de la couverture.

Mais, à 16h50, une compagnie allemande se dirige à nouveau sur notre emplacement, en suivant la tranché de la Prise, couverte sur chacun de ses flancs par une forte colonne d’environ une compagnie. Résistant jusqu’à la dernière limite, maintenant par un feu violent les têtes de colonnes ennemies jusqu’à quelques mètres de ses hommes, l’adjudant MARRO? ne se décide à se replier qu’après avoir brûlé toutes ses cartouches et sur le point d’être enveloppé. Faisant une marche rétrograde, par échelons successifs il put avec le peloton du Génie, se dégager de l’adversaire et venir à pp3 de PA1 renforcer la fraction qui s’y trouvait. Nous eûmes comme pertes au courant de cette action 2 tués, 2 blessés dont 1 Ss/officier grièvement, 1 sapeur du Génie tué et 1 sapeur blessé.

Tous les nouveaux postes ont donc pu s’établir sauf pp3 bis et ils continuent leur installation, malgré un assez violent bombardement qui commence à 17h30. Exécuté sur PA1 et PA2, particulièrement sur la ligne des points d’appui, il blesse un homme au petit poste pp1 de PA1

Pertes : 2 tués, 3 blessés. Les Boches ont éprouvé de grosses pertes."

JMO/SS :

"En avant des PA¹ et PA² nous avançons nôtre première ligne.

Indisponibles = 108

Les Cies de 2^e ligne allant la nuit renforcer les 1ères lignes et le jour travaillant au transport des matériaux de défense présentent des signes nets de fatigue.

Évacués sur Lunéville,hôpital :

22^e Lt. LHERMINE : embarras gastrique fébrile
17^e BRETON : ??? oeil droit ?

dépôt d’écopés :

17^e Capl. GERBE : dyspepsie et fatigue
19^e COLIN : gale
19^e AUGUY : entorse tibio-tarsienne gauche en S.C.

17^e REMY : tué en reconnaissance et inhumé à Maison Brûlée"

Les deux hommes tués ce jour sont :

Pierre BOREL, né le 31/05/1882 à Clermont-Ferrand(63)
fils de Jean et Jeanne GANDEBOEUF, cultivateur
Caporal, Mle 1200-Riom, décès transcit le 05/08/1924 à Clermont-Ferrand(63)
il repose à 54 - Vitrimont - Nécropole nationale "FRISCATI", Tombe individuelle, n° 1134

Il y a sur le JMO une confusion avec un autre BOREL cantalou qui est sans doute à l'origine de la date très tardive du jugement, mais il n'y a pas photo puisque le BOREL ci-dessus est clairement identifié sur sa fiche matricule et sur "Sépultures de guerre"

Le second homme est :

Alphonse, Prosper LAGARDE, né le 18/04/1879 à Gien (45)
fils de François, Alphone et Marie BOURGOIN, marié avec Marie CHAVENAT
soldat de 2ème classe, Mle 396-Montargis, décès transcrit le 17/02/1916 à Gien
pas d'indication de sépulture