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Le 217ème RI dans la Grande Guerre, du Bonhomme au Mont Kemmel
16 mars 2017

16 Mars 1917

JMO/Rgt :

"De 0h30 à 3 heures, l’ennemi effectue sur nos 2ème lignes un tir très violent à obus toxiques. La région du P.C. Fer de Lance en particulier est infestée de gaz asphyxiants. A 1 heure 30, le dépôt de munitions du P.C. Fer de Lance est incendié par un obus ; il explose et est entièrement détruit.

Pendant toute la journée, l’ennemi bombarde d’une façon systématique par obus de gros calibre l’ouvrage Gallois et l’ensemble du sous-quartier C. Bombardement particulièrement violent de 16h30 à 17h30. Sur les autres sous-quartiers, bombardement modéré.

L’artillerie française tire pendant toute la journée sur les 1ères lignes ennemies et en particulier sur la mitrailleuse signalée au nœud C10-Haraucourt.

En exécution des ordres reçus de l’I.D.24, le Lt-Colonel SIMONI décide d’effectuer à 22 heures 5 l’opération ayant pour but d’étayer nos gains de la côte 185, conformément aux directives de la note n°966/S de l’I.D.24.

 Ordre d’opération du Lt-Colonel SIMONI :

« But : Pousser de poste de C9 à 150 mètres au Nord de la tranché Crévic. Pousser le poste de C10 à 125 mères environ au Nord de Crévic. Créer une nouvelle tranchée reliant le Pentagone, le nouveau poste du boyau C9, le nouveau poste du boyau C10 et le poste du boyau d’Haraucourt, intersection du boyau Enville.

Zones d’action : Le 6ème bataillon sera chargé d’agir dans le boyau C9 et le boyau C10, le 5ème bataillon dans la tranché d’Haraucourt.

Exécutuon : Pendant cette première nuit, il y aura lieu de réaliser l’avance de C9 et C10, de commencer la tranchée du nouveau poste C9 à cheval sur le boyau C9 et de créer, au nouveau poste C10, en emplacement de combat pour 8 à 10 hommes, enfin, d’amorcer sur la tranchée d’Haraucourt, la nouvelle tranchée se dirigeant vers C10. Le travail sera complété les nuits suivantes.

Détails de l’opération : 20 hommes du génie seront mis à la disposition du Cdt TRARIEUX pour commencer la tranchée à cheval sur C9. Une section du 6ème bataillon servira de couverture à ces travailleurs. Elle repoussera au besoin les éléments ennemis qu’elle pourrait rencontrer (il ressort d’un dernier compte-rendu du Chef de Bataillon que cette partie du boyau est libre)

2° Pour assurer la progression dans C10, le Cdt TRARIEUX utilisera les grenadiers d’Armée qui sont actuellement à sa disposition. Il les fera soutenir par une section de son bataillon.

2° La tranchée amorcée sur la tranchée d’Haraucourt sera exécutée par le 5ème bataillon. Le Cdt du 5ème bataillon s’occupera en même temps de faire déblayer la tranchée d’Haraucourt de tout poste boche aussi loin que possible de sa nouvelle tranchée.

Heures : le 6ème bataillon déclenchera son opération à 22h5, le 5ème bataillon se tiendra en liaison étroite avec le 6ème bataillon et commencera son travail dès que la situation paraîtra nette.

Artillerie : des tirs seront exécutés dans le cours de la journée sur la mitrailleuse signalée au nœud Haraucourt-C10 (75, canon de 37 et canon de 58)

Cinq minutes avant le déclenchement de l’opération, soit 22 heures, le 75 déclenchera un tir d’encagement destiné à isoler Haraucourt et partie Nord de C9. Ce tir devra être continué avec son intensité du début jusqu’à 22h30, il sera ensuite ralenti et continué jusqu’à 1 heure.

Signé : SIMONI »

 Dès 21 heures, l ‘ennemi déclenche un barrage d’une rare violence sur tout le sous-quartier A et la droite du sous-quartier B. L’opération projetée s’exécute néanmoins. Les objectifs définis dans l’ordre d’opérations sont atteints. L’ennemi est refoulé par une action énergique de nos voltigeurs et de nos grenadiers de Cie.

Les grenadiers d’Armée laissés à la disposition d Lt-Colonel commandant le 217ème coopèrent à l’action.

Pendant que l’ennemi est solidement maintenu, un élément de tranchée est commencé à C9, un autre élément est construit à C10 où un poste est installé. La fraction du génie travaille à C9. Deux prisonniers blessés restent entre nos mains. L’ennemi abandonne sur le terrain que nous avons conquis : une mitrailleuse, deux lance-bombes, des fusils, des quantités de cartouches et de grenades qui sont utilisées par nos fractions avancées au cours de la lutte.

Sur la droite, toutefois, la tranchée partant d’Haraucourt n’a pu être amorcée.

Le bombardement ennemi déclenché avant notre opération a déterminé un horrible accident : des explosifs et des fusées placées dans le P.C. Maison de Champagne ont déflagré à la suite de l’explosion d’une torpille déterminant un incendie mêlé de nombreuses explosions dans ce P.C. où se trouvaient, avec une quarantaine d’hommes les lieutenants MORGEON, ESTACHY (18e), MACCHIAVELLI (19e), DISTANTI (19e) réunis pour prendre les dernières dispositions concernant leur opération.

Ces 4 officiers trouvent ainsi la mort avec une vingtaine d’hommes.

La perturbation du commandement qui s’en suit ne permet pas à ce Bataillon de réaliser la partie de l’opération qui lui est réservée. Le chef de Bataillon décide de l’ajourner au lendemain, ce qui sera fait sans autre inconvénient.

Dans la journée, un autre accident s’était produit : un abri du sous-quartier C a été écrasé par un obus de gros calibre. 4 officiers et une dizaine d’hommes y sont ensevelis pour toujours, malgré les efforts faits pour les dégager. Ce sont, avec le lieutenant du Génie, les lieutenants : BROSSEL, LOEILLET, et le sous-lieutenant LANXADE du 217ème R.I."

JMO/SS :

"Le régiment occupe les mêmes emplacements qu’hier. Dans la nuit du 16 au 17 le bombardement par obus asphyxiants est particulièrement violent. Les cas d’intoxication par les gaz se multiplient mais heureusement peu graves d’une façon générale. Le remplacement des masques usagés se fait d’une façon rapide et il est possible de donner satisfaction à toutes les demandes. La relève des blessés est ralentie par ces émissions gazeuses et les brancardiers, après un premier voyage, doivent après plusieurs tentatives sans succès renoncer à terminer le relèvement des blessés qi encombrent le P.S. du 6ème bataillon. Le médecin aide-major faisant fonction de chef de service se décide de faire appel pour la nuit suivante au concours des G.B.D. Le service ainsi organisé commence à fonctionner dès la tombée de la nuit. Dès 21h les premières équipes reviennent du P.S. Central et les évacuations se font avec facilité et rapidité. Le séjour dans le tunnel est assez pénible en raison des infiltrations gazeuses qui se font, malgré les précautions prises, par les orifices d’aération et les fissures du sol. Il est nécessaire de faire fonctionner à plusieurs reprises chaque fois que la chose est possible le ventilateur installé au P.S. Un relevé général des pertes au feu est envoyé au M.D. Les chiffres sont les suivants :

Tués : 49 ; blessés : 289 ; disparus 61.

Une trentaine de cas de gelure de pieds ont été observés."

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Le 217ème RI dans la Grande Guerre, du Bonhomme au Mont Kemmel
  • Ce blog retrace l'histoire du 217ème Régiment d'Infanterie lors de la 1ère Guerre Mondiale en le suivant pas à pas d'Aout 1914 à Novembre 1918 et en essayant de s'attacher plus particulièrement aux êtres humains qu'il a vu passer dans ses rangs.
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